Une question percutante voire brûlante traitée de manière ultra hilarante dans "Tout simplement noir", un sacré film bien ancré dans son époque et où le Noir est mis en lumière.
À l’heure où il est encore difficilissime pour les personnes noires de France d’avoir de la visibilité et des opportunités, abreuvez-vous de cette comédie sociétale assez culottée et grinçante de l’humoriste et rappeur français d’origine ivoirienne Jean-Pascal Zadi, armée d´un ahurissant casting fort coloré et d´une notoriété indiscutable qui, outre son réalisateur Jean-Pascal Zadi, réunit l´acteur Omar Sy, la journaliste Kareen Guiock, le rappeur Soprano, les humoristes Fary, Dieudonné, Ahmed Sylla et Claudia Tagbo, les réalisateurs Fabricé Eboué et Lucien Jean-Baptiste, le footballeur Lilian Thuram, l´artiste JoeyStarr, le producteur Mathieu Kassovitz (dans le rôle du Blanc qui mesurera, au cours d´un casting organisé pour chercher un Noir africain, la largeur des narines du personnage principal qui ne sera retenu que pour un rôle de cannibale)…, tout un florilège de talents qui jouent tous de leur image et qui s’auto parodient; filmée à la manière d’un documentaire où le personnage principal est suivi en permanence par un cameraman; déployant, au fur et à mesure que s´enchaîneront des tas et des tas de sketchs amusants ou irrévérencieux, des sujets d´actualité, qui font débat où que l´on aille, tels que la place de l'homme et de la femme noire dans la société française, le racisme anti-noir latent en France, l’antiracisme, l'intégration, le communautarisme noir, la discrimination, la quête d’origine, les violences policières, etc.; et dénonçant aussi toutes les hypocrisies au sein même de la communauté noire ; bref, une comédie qui est tombée à pic dans cette période compliquée étant sortie en pleine effervescence antiraciste, à la suite des maintes affaires de brutalités policières envers la communauté noire.
Synopsis
Ayant de brutales difficultés à faire décoller sa carrière de comédien en enchaînant des castings sans succès, totalement frustré, JP, un acteur noir trentenaire, est carrément persuadé que sa carrière ne fonctionne pas pour être une âme noire. Estimant la situation des Noirs en France inacceptable et se prenant alors pour le Martin Luther King français, germe en lui l´idée d'organiser la première grosse marche contestataire pour la dignité de la population noire française dans les rues de Paris, visant à célébrer le 27 avril l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage en 1848, une idée louable.
Donc, de sorte à offrir plus de retentissement médiatique à son projet, il aura besoin de rallier à sa cause une foule de personnalités fort influentes de la communauté, principalement de décrocher le soutien des stars noires du showbiz français. Cependant, lors de sa quête de manifestation, tout en cherchant ces leaders populaires de sa communauté dans le but de donner un gros élan à sa démarche, à laquelle seuls les mâles de race noire pourraient participer, et de mieux la promouvoir, JP oscillera entre l´envie d'être sur le devant de la scène et un véritable engagement militant. De plus, ses rencontres avec les célébrités tourneront au fiasco car rien ne se déroulera comme prévu, semant le chaos et des engueulades partout où il passera, et d´autant plus qu´il découvrira qu’il existe plus de 50 nuances de noir !!
Une comédie brillantissime au sarcasme sanglant cherchant à dépeindre la complexité des luttes quelles qu'elles soient, à démontrer l'absurdité de certains préjugés sur les Noirs et à déterrer de multiples clichés socio-ethniques que subit la communauté noire dans le dessein de les fustiger voire de les dynamiter. Autrement dit, faire passer des messages de tolérance bondés de gags tout en divertissant et tout en faisant réfléchir, c´est ce à quoi vise cette comédie cinglante sur la société française, vue à travers le prisme d'une de ses minorités.
Tout en sachant que la question « noire » est vive dans pas mal d´esprit, ce long-métrage serait-il tombé au bon moment ?
L’humour dévastateur dégainé dans cette comédie un peu audacieuse, réussira-t-il à faire avancer certaines de ces questions si sensibles dont elle regorge?
D´après vous, en Espagne, quel est l'état du racisme aujourd'hui, en particulier envers les personnes noires? Et pour vous, c'est quoi au juste être Noir ?
Par ailleurs, que pourrait-on attendre au juste du moment que dans le cinéma français lorsque vous êtes Noirs vous avez des chances de jouer le rôle de vigile, d´homme de ménage, de racaille de banlieue, de dealer, en d´autres termes, des activités marginales ou illégales ? De là que le projet concernant l´organisation de cette marche des fiertés noires de Bastille à Nation et uniquement réservée aux Noirs, ce à quoi nous invite le film, essaye de nous montrer que les Noirs n’ont pas encore trouvé leur place ni dans le cinéma ni au sein de la société française.
A savoir :
Jean-Pascal Zadi se rappelle que souvent, à l´école maternelle, dès qu´il fallait se tenir la main deux par deux avant d'entrer dans la classe, personne ne voulait lui donner la main parce qu´il était noir.
Ce film dérangera-t-il les Noirs ? Et quelle pourrait être la réaction des gens si le film s´intitulait "Tout simplement blanc" et s´il se vautrait dans le mode comique? Pendant que vous vous penchez sur cette question, n´oubliez quand même pas que ces films sont "Tout simplement marrants".
Cette autopsie de l’identité noire férocement drôle – et c´est ce dont on a vraiment besoin de nos jours –, avec des acteurs et des actrices noirs abordant sans tabous les maux rongeant les Noirs de France, réussira-t-elle à drainer un large public et à se hisser au niveau des meilleures comédies françaises ? C´est, bien entendu, une affaire à suivre, mais entre temps, espérons qu’après "Tout simplement noir" la carrière de Jean-Pascal Zadi en tant que réalisateur décollera.
"Tout simplement Noir", la comédie, ça fera du bien dans un moment où toute la société et tout le monde a l´air de ressentir l´impérieusse nécessité de mettre en valeur leur propre identité en ce qui concerne: le sexe, le genre, la race...; au moins, au cours de ce film-ci, on pourra rire, plus au-delà des luttes de la police contre les noirs, des manifestations anti-machistes, ou pour la visibilité du colectif LGTBIQ...
RépondreSupprimerMais je me demande: pourquoi ces efforts pour souligner la différence plutôt que ce qui nous unit, qui est beaucoup?
La violence n´engendre que la violence et ce film est une tentative de caricaturer avec sympathie une situation sociale si délicate que celle du racisme,avec ses pires tonalités:celles de la haine...
Merci, Carmen, et bonne chance à tes élèves; ils l´ont déjà avec toi, comme leur professeure...
Bonsoir à tous mes camarades, et bonne chance à tous ceux qui s´examineront. Demain, je ferai l´examen du C1.2...
Marie Angèle et Anne Marie Cabrejas vous proposent de lire :
RépondreSupprimerBigre !
Marianne, Louis XIV le « Roi Soleil », De Gaulle ?
Le top du chauvinisme français, de la grandeur de la France, bronzés, cramés, grillés sous le soleil de l´ Afrique !
Ça alors !
Sans l´avoir vu, c´est sûr que ce film de Jean-Pascal Zadi promet.
C´est le monde des Blancs vu par l´œil d´un Noir qui s´en prend aux clichés, aux préjugés des uns et des autres pour dénoncer le victimisme, les complexes des Noirs, le défaut de supériorité des Blancs...
De plus, comment caser les 50 nuances de noir ? Mulâtres, quarterons, métis... De quel côté les mettre? Faut-il vraiment prendre parti pour une couleur déterminée? Si l´on opte pour l´une d´entre elles, ne blesse-t-on pas l´autre?
Noir, blanc, jaune, rouge ou bariolé, ne vaudrait-il pas mieux de se voir, tout simplement, comme un être humain ?
Bon sang ! Le monde est trop petit pour s´attarder encore là-dessus !
Mais, « Qu´est-ce qu´on a fait au Bon Dieu ? »
Le jour où l´on apprendra à se sentir bien dans notre peau, ceux qui cherchent à enquiquiner et à provoquer l´affrontement à travers le racisme auront perdu la partie.
Un grand bravo à Jean-Pascal Zadi !