Un roman paru en mars 2024, profondément humain, ayant été tissé dans l´esprit de Nancy Huston, une écrivaine franco-canadienne qui, tout en dévoilant les mécanismes de la violence masculine, se penche sur la manière dont a été vécue une des journées de travail d´une transexuelle colombienne en situation irrégulière exerçant son activité de travailleuse du sexe sous le pseudonyme de Magda dans les entrailles des sales recoins profonds et obscurs du Bois de Boulogne, à Paris, la Ville Lumière, enlisée dans les méandres du sexe tarifé où la violence rôde et parfois tue ; et déploie le portrait attachant d´une femme qui lors de cette journée, le dimanche 12 mai 2019, dix ans après l'opération à Paris permettant à cet être cette transition de genre et d´assouvir le besoin éprouvé de devenir Francia, fera 17 clients (un écrivain, un prof de fac, un ancien détenu sorti de prison, un veuf inconsolable et taciturne, un père de famille incompris voire agacé par sa famille, un homme d'affaires chinois, un riche handicapé, un vieillard galériste béninois, un étudiant ado brillant et puceau, des masochistes, etc. ; autrement dit, une ribambelle de mâles dont le recours à la prostitution est dû à leurs pulsions sexuelles irrépressibles) dans un pays où la loi n´avantage nullement ces femmes en marge et rongées par le ravage du déracinement.
Tout en sachant que Francia a grandi en tant que garçon efféminé au sein d´une famille pauvrissime en Colombie et a subi la violence d´un impitoyable tyrannique ignoble père incestueux qui la chasse du foyer, ce qui la poussera à s’engouffrer à Bogota dans les ténébreuses noirceurs de la prostitution aux côtés des travestis – des travailleuses du sexe ô combien meurtries et grièvement tenaillées par moult périls –, d´après-vous, cette façon de s'en sortir, vous paraît-elle un peu facile ? Et, selon vous, comment aurait-elle pu alors échapper à ces sables mouvants menaçant de l’entraîner dans l’abîme ?
Selon vous, les travailleuses trans du sexe remplissent-elles une fonction importante au sein de la société ? Savent-elles contenir le nombre de viols ? Ou au contraire, si l´on pénalisait les clients, le taux de viols pourrait-il croître ?
