Synopsis d´un drame historique tout au long duquel le réalisateur Mathieu Vadepied s´attache à dépeindre une histoire humaine écorchée se déroulant lors de la Première Guerre mondiale – Une guerre ô combien meurtrière ! – et évoquant les dérives du point de vue africain, un sujet rarement évoqué au cinéma ou guère retracé dans les livres.
1917. À des milliers et des milliers de kilomètres de chez lui, n´ayant jamais foulé le sol français, Bakary Diallo (incarné par Omar Sy qui joue en peul, sa langue maternelle d’Afrique de l’ouest), prêt à tout, s'enrôle au sein de l'armée française de sorte à pouvoir rejoindre Thierno, son fils, un jeune Sénégalais de 17 ans, qui a été recruté après avoir été capturé – Que dis-je? – réquisitionné par l´armée française dans son village, et à pouvoir veiller sur lui.
Envoyés sur le front, à Verdun, dans un conflit sanglant qui n’était pas le leur, père et fils vont devoir affronter la guerre ensemble.
Happé par l'ambition militaire grandement aveuglante, Thierno, fortement vaillant, va gravir des échelons dans l’armée, alors que Bakary, risquant sa vie, va par tous les moyens tout faire pour tenter de l'arracher aux combats et de le ramener sain et sauf à ses racines: sa terre natale.
Regardez un extrait de cette protestation enflammée contre la misère coloniale, rappelant les espoirs de ces soldats, condamnés au déracinement et à l'horreur des champs de bataille, de devenir un jour Français.
Quelle détresse à voir ce bataillon d´héroïques tirailleurs sénégalais ou issus de n´importe quel coin de l´Afrique, ces héros méconnus de la Première Guerre mondiale, oubliés des honneurs après-guerre voire méprisés ! Un sort tragique vilainement obscurci par une République française amnésique et ingrate ! Autrement dit, une abominable honteuse souillure morale sur la joue de la France !
Et, quelle joie à voir cet honorable hommage à ces combattants africains enrôlés de force et montés au front aux côtés des poilus ! Un bel hommage pouvant marquer les esprits tout en changeant le regard sur ces pages sombrissimes de l´une des plus grandes sanguinaires tragédies de l´Histoire militaire de France !
Espérons que grâce à ce film, leur histoire, leur existence cesseront d´être enfouies dans les profondeurs des oubliettes et qu´il éclairera cette vérité cachée tout en comblant cette lacune dans tous les esprits.
Et pourvu que les manuels scolaires commence à en faire écho de sorte à ce que leur mémoire ne s´efface pas !
Pour clore, je tiens à vous dire que le fait que la France reconnaisse à sa juste valeur la contribution des Africains qui se sont acharnés dans ce combat pour elle, c´est ce à quoi ce film va sûrement pouvoir contribuer.
A savoir:
Cette production franco-sénégalaise a été présentée en ouverture dans la section "Un Certain Regard" au Festival de Cannes 2022.
En 1998 est mort le dernier tirailleur de la première guerre mondiale (1914-1918) dans un petit village du Sénégal.
Le film algéro-belgo-franco-marocain "Indigènes" de Rachid Bouchareb, sorti en 2006, a mis en lumière l'histoire des tirailleurs algériens lors de la Seconde Guerre mondiale en projetant une lumière crue sur moult aberrantes aberrations.
L'Afrique, si belle, si riche et merveilleuse. Ouvert et accueillant, joyeux et affectueux.
RépondreSupprimerEt pourtant, l'Occident a toujours profité de ce continent en exploitant ses richesses et ne laissant derrière lui que la misère et la guerre.
Votre présentation de ce film m'a donné beaucoup d'envie de le voir, ayant aussi un acteur aussi professionnel et authentique.
Mais ce que je veux le plus, sans aucun doute, c'est visiter un continent aussi magnifique et vivre vraiment l'esprit africain.
Clara
À la fin de chaque guerre les esprits meurtris s’apprêtent à se reconstruire et, dans l’affairement du nouvel ordre des choses, ils décident d’oublier ou de se taire, histoire de ne pas ressusciter le malheur. Personne ne devrait blâmer l’individu qui préfère s’accrocher à la vie au moyen d’une cécité et d’un mutisme presque inconscients pourvu qu’ils lui procurent la paix de l’âme, l’envie d’aller en avant et de récupérer le goût pour le présent qui pousse.
RépondreSupprimerEt les nations, les gouvernements, les dirigeants responsables d’une massacre d’une telle envergure, ont-ils le droit de faire une chose pareille ? Non, jamais, d’autant moins lorsqu’il s’agit de combattants qui, comme les tirailleurs sénégalais ou les soldats arabes pendant notre Guerre Civile, sont des étrangers recrutés par un pays plus puissant qui s’est bien chargé de les éblouir avec des promesses qu’ils ne tiendront pas, aussi maigres fussent-elles. De la chair à canon à qui l'on accueille à grand effet de manche, que l’on ressent comme des nôtres du moment où ils se battent sur le terrain patriotique, et à qui cependant on considère de vils mercenaires une fois le carnage terminé.
Comme ça, chaque film ou chaque livre servant à dénicher des oubliettes ces personnages dont le sacrifice a été estompé, boudé voire ignoré est le bienvenu. Contre la sournoiserie du pouvoir et l’indifférence des nations, certains créateurs réécrivent l’Histoire et agrippent de leur art la main de tous ceux qui sombraient dans l’oubli. Mathieu Vadepied, faute des mandataires, leur accroche une médaille longuement dûe.
https://elpais.com/diario/2008/03/01/babelia/1204329979_850215.html