Un thriller historique, ruisselant de littérature et ayant fortement séduit le jury du Goncourt, grâce auquel cette si jeune plume africaine âgée de 31 ans, publiée en France, nous engouffre, en déployant une langue ironique, provocante et poignante, dans la si fabuleuse quête littéraire d'un jeune écrivain sénégalais contemporain, Diégane Latyr Faye, ayant été ensorcelé par un livre culte paru en 1938 et, désormais, quasi indénichable, "Le Labyrinthe de l’inhumain"; il part sur les traces de son auteur, T. C. Elimane, un nègre ayant sombré dans les oubliettes de l´oubli; et au fur et à mesure qu´il mène cette si réjouissante saisissante enquête, il retrace la généalogie de ce nègre qui s´est si discrètement volatilisé, le suivant à travers deux guerres mondiales et la décolonisation; il arrivera jusqu’à à arpenter l´Amérique latine avant d’atterrir au Sénégal, lors des sauvages émeutes de 2011, tout en posant moult questions:
Est-ce le fait que son auteur soit un nègre ce qui explique qu´il se soit mystérieusement estompé voire évaporé à la veille de la Seconde Guerre mondiale et à la suite d´une violente polémique ayant terriblement terni voire crucifié sa réputation à Paris du moment qu´il a été accusé de plagiat? Ou est-ce le fait que la maison d'édition qui l'a publié soit dirigée par des Juifs ? Ou bien est-ce tout simplement que le contenu de son œuvre dérangeait fort excessivement?
Sachez aussi qu´au fil de ces quelques 450 pages de ce joyau de la littérature, Mohamed Mbougar Sarr échafaude voire tisse une puissantissime réflexion sur l’art d’écrire, sur le livre qui perdure après la disparition de ses lecteurs et lectrices, sur le bouquin, quel qu´il soit, qui peut changer une vie, sur les écueils auxquels se heurte la littérature africaine à l´heure de se faire reconnaître…; bref, une éblouissante déclaration d'amour à la littérature – Que dis-je! – un hymne.
Mais aussi sachez que le ministère de l’Éducation nationale a envisagé d´inscrire ce roman dans les œuvres au programme éducatif quoique le niveau soit un peu élevé pour des lycéens vu qu´il a été si talentueusement rédigé au moyen d´un français hyper soutenu. Cependant pour en savoir plus et réussir à savoir si ce sera une œuvre qui sera enseignée dans les écoles françaises, il faudra patienter jusqu´à ce que l´on sache le verdict. Donc, c´est une histoire à suivre...
D´après vous, qu´est-ce qui a pu motiver les membres de l’Académie Goncourt pour décerner son Graal littéraire 2021 à une si petite maison d´édition (Les éditions Philippe Rey) et à son écrivain Mohamed Mbougar Sarr, qui devient le premier écrivain d'Afrique subsaharienne à être consacré par le plus convoité des prestigieux prix littéraires ? Le fait que cet écrivain soit un Africain ? Le fait qu´il plaide en 2018 pour les LGBTI dans son ouvrage intitulé "De purs hommes" ? Ou le fait que l´histoire et l´écriture de Mohamed Mbougar Sarr soient d´une qualité littéraire excellentissime?
Croyez-vous que la littérature soit une voie de décryptage du monde et de la destinée humaine tel que le croit Mohamed Mbougar Sarr?
Ce roman, ayant décroché un tel Prix qui a bellement couronné les efforts de cet écrivain, serait-il un roman incontournable?
De faire en sorte à ce que vous puissiez répondre à cette dernière question, laissez-vous happer dès les premières pages par le rythme de son texte, en lisant l´extrait ci-dessous:
"Mais pourquoi continuer, tenter d'écrire après des millénaires de livres comme Le Labyrinthe de l'inhumain... On ne savait pas; et là était peut-être notre réponse : nous écrivions parce que nous ne savions plus ce qu'il fallait faire au monde, sinon écrire, sans espoir mais sans résignation facile, avec obstination et épuisement et joie, dans le seul but de finir le mieux possible, c'est-à-dire les yeux ouverts : tout voir, ne rien rater, ne pas ciller, ne pas s'abriter sous les paupières, courir le risque d'avoir les yeux crevés à force de tout vouloir voir, pas comme voit un témoin ou un prophète, non, mais comme désire voir une sentinelle, la sentinelle seule et tremblante d'une cité misérable et perdue, qui scrute pourtant l'ombre d'où jaillira l'éclair de sa mort et la fin de sa cité."
Et ben alors ! Avez-vous hâte de vous ruer sur ce livre, de le décortiquer et de vous en enivrer?
A savoir:
Ce roman est dédié à l’écrivain malien Yambo Ouologuem, vainqueur du prix Renaudot en 1968 pour son premier roman "Le Devoir de violence", un autre auteur accusé d’avoir plagié des extraits de textes issus de la Bible ou du Coran. Il paraît que dans ce roman on peut y dénicher l'une des origines du roman de Mohamed Mbougar Sarr.
Et saviez-vous qu´il y a tout juste cent ans, un auteur français, originaire de Guyane, René Maran, a été sacré le premier lauréat « de couleur » en recevant le Prix Goncourt ? Un bel anniversaire, n´est-ce pas?
Quelle belle entrée ce post est !!
RépondreSupprimerTous les romans que j'ai lu récompensés par le prix Goncourt ont toujours été d'une qualité impressionnante. C'est peut-être une coïncidence, ou juste de la chance.
Je ne crois pas que l'auteur, Mbougar, ait reçu le prix pour la simple et bonne raison qu'il est noir et africain. Cela laisserait le jury dans un lieu de honte.
Je préfère attendre mon propre verdict une fois que j'aurai pu le lire.
Il est vrai aussi qu'il existe d'innombrables romans qui n'ont jamais reçu de prix et qu'ils sont étonnants.
Le prix Goncourt, est le plus grand reconnaissance du la literatura francaisse.
RépondreSupprimerIl y a á trois choisse qui attire mon attention:
1.- Le prix précis´sment, puisque se composer d`un chéque symbolique de dix euros et aussi de la possibilité de vendre beaucoup de livres pour tout le monde.
2.- Le gagnant est un trés juene écrivain
3.- Le nationalité du gagnaant es Senegalais. N`a jamais recu ce prix un citoyen sénégalais.
Toutes nos felicitations a Mohamed Mbougar Sarr!
Histoire racontee avec beaucoup d'humour etc le recit este captivant. La suite de Mon commentaire que j'aurai Fini de le lire
RépondreSupprimerToujours, c’est le bon moment de se réjouir d’un événement qui permet franchir des frontières telles qu’un écrivain nègre reçoit les prix Goncourt , bien qu’il ne soit le premier ; les frontières honteuses, humiliantes voire blessantes du racisme et la xenophobie, du mèpris.
RépondreSupprimerD’autre part, la littérature sert pas seulement à retracer le monde, le décrire, elle doit comporter un engagement avec le changement du monde aussi.
Un seul paragraphe t’invite déjà à lire ce bouquin . Un paragraphe saisissant, frappant, hyper captivant et même spectaculaire.
C´est un gros plaisir de constater que cet extrait ait pu te happer.
SupprimerSache qu´une de tes camarades de classe, Silvia, vient d´emprunter ce livre (que l´on vient tout juste de recevoir à l´École), et elle aura le plaisir d´émietter – Que dis-je ! – de savourer la totalité du talent de cet écrivain qui a eu la chance de ne pas être honni.
Marie Angèle et Anne Marie Cabrejas vous proposent de lire :
RépondreSupprimerEmprunter le pas à une figure historique, à un géant de la littérature, à un poète sublime comme Léopold Sédar Senghor, est un défi périlleux, une entreprise ô combien osée, mais le faire sans complexe en arpentant le sentier de la gloire pour être couronné du Prix Goncourt, relève de l'exploit. Non seulement le Sénégal est à l'honneur mais l'Afrique toute entière ressent la fierté d'être le berceau de ce nouveau faiseur d'histoires, de ce griot à la plume ensorcelante, de ce musicien jouant le rythme des lettres, de ce poète béni par les dieux.
Mohamed Mbougar Sarr vient donc de rejoindre la gloire de ces hommes et femmes touchés par le don de la création littéraire.
Maintenant, à nous, en tant qu'humbles lecteurs, de dévorer avec avidité leurs histoires palpitantes de sentiments, de rêves, de joies ou de tristesses, de tout ce qui conforme la vie de tout un chacun.
RépondreSupprimerDepuis l’annonce du gagnant, des voix se sont levées à cause des origines de Mohamed Mbougar Sarr: lui aurait-on décerné un tel prix simplement parce qu’on reconnaît l’effort d’un « Noir savant »? Je reproduis ainsi le débat que le mystérieux Elimane, le protagoniste du roman, déclenche avec son Labyrinthe de l’inhumain, et dont le propre Mbougar prend le relais tout comme si lui-même nous posait la question depuis sa propre écriture à lui : « Trouvez-vous, lecteurs, que ce que vous avez entre vos mains vaudrait la peine d’être lu si ma peau avait une tout autre couleur » ?
Eh bien, il faut détromper les sceptiques : son auteur a bel et bien mérité le Goncourt. Avec une écriture soignée et pourtant très claire, avec une histoire où chaque personnage porte en soi une énorme charge émotionnelle qui se lie, comme à travers des vases communicants, aux ressentis des autres personnages, et qui égraine les pistes pour retrouver cet insaisissable Elimane, l’auteur nous propose un voyage à travers la raison ultime de la littérature, les circonstances qui font d’un écrivain un être avec une mission : ses peurs, le poids de ses racines, la quête de ses origines et ses motivations, son engagement envers la réalité voire la vérité, et finalement la question qui hante tous ceux qui se sentent narrateurs : « Qui suis-je, et pourquoi devrais-je (ne pas) écrire ? »
Dans l’œuvre on trouve de la méta littérature -un roman qui contient un roman qui contient des romans – mais cette mise en abîme atteint également l’identité de l’écrivain (l’auteur puis le narrateur puis Elimane et tous les autres écrivains qui parsèment le récit) et celle du lecteur (notre lecture se mêle à celle des personnages, de telle façon qu’on se sent interpellés et on devient aussi un personnage en quête d’une explication).
Le tout fait de ce livre, à mon avis, un ouvrage pas facile à lire, dense, profond et chargé de contenu, qui demande de nous une attention soutenue, un engagement ferme envers l’histoire racontée: c’est là, dans l’exigence littéraire récompensée, qu’on se sent lecteur et c’est là aussi qu’on reconnaît la valeur de l’écrivain. Félicitations à monsieur Mbougar et à tous ceux qui, comme lui, nous proposent des voyages intérieurs.
Merci d'avoir partagé ton ressenti, ton opinion avec nous après avoir lu cet ouvrage et de continuer constamment, avec tant d'acharnement, à marcher à nos côtés en étant fidèle au Blog.
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