Témoignage d´une troublante naïveté!
Un récit sans haine.
Celui d´un homme qui a basculé en enfer, broyé par un système judiciaire.
Préface:
Vénissieux, juillet 2006
Hier, ma voiture m'a lâché. J'étais ennuyé parce que même si la banlieue lyonnaise n'est pas Los Angeles, ce n'est pas toujours facile de se déplacer partout avec les transports en commun. Mon travail en intérim s'est arrêté sur un bête accident du travail, et de toute façon je n'ai pas très envie de retourner à la chaîne. J'ai rendez-vous à l'ANPE la semaine prochaine pour faire un bilan et trouver une formation adaptée. J'habite chez ma soeur aînée avec son mari et leurs deux petits enfants en attendant d'avoir un boulot stable pour chercher un chez-moi.
Le médecin qui m'a diagnostiqué un ulcère à l'estomac dit qu'à mon âge c'est un peu tôt, mais ça se soigne. Et moi qui étais un poulet maigre, j'ai pris trop de poids ; il faut que je me remette au sport.
Je viens d'avoir vingt-cinq ans. Quand j'ai su que Djamila s'était fiancée, j'ai pris un coup sur la tête. Mais avec le recul je la comprends et je ne lui en veux pas. Je sais que j'arriverai un jour à fonder une famille.
J'ai eu mes moments de «haine» pendant les quarante-six mois de mon enfer, mes désespoirs aussi. Mais je n'ai pas quitté mes prisons la colère au ventre. Au contraire. Je suis devenu encore plus religieux et encore moins radical. J'essaie d'être plus intelligent - faire le tour de la question, voir les différents angles, pas seulement celui des émotions immédiates. L'injustice, en tout cas, l'excès de la punition ont eu ce curieux effet sur moi: je me rends encore mieux compte que le monde est plus compliqué que ce que j'aurais pu croire.
Moi qui n'étais pas violent, qui n'avais jamais volé ni blessé qui que ce soit, j'ai été confronté à un univers d'une violence extrême : celui du camp, où, sans connaître les projets précis qui se tramaient, j'ai ressenti la folie d'un petit groupe d'hommes prêts à tuer au nom de l'islam; celui de Kandahar, puis de Guantanamo, univers hors la loi, organisé pour détruire mentalement ceux qui sont tombés, coupables et innocents mélangés, sans possibilité de recours. Cette violence aurait pu me rendre violent à mon tour; c'est tout le contraire qui s'est produit. Elle m'a mis l'esprit de paix au coeur. Elle m'a fait comprendre, très profondément, au-delà de l'instinct, que ce n'était pas mon chemin. (...)
Sans me prendre pour un savant, avec la simplicité de ma foi, je ne me reconnais pas du tout dans la lecture que certains font de l'islam et de son livre sacré, le Coran. Ils parlent de guerre, et j'y vois la paix, la compassion. Ils parlent de colère, de rage, et j'y vois la douceur.
Je ne veux donner de leçons à personne et j'espère seulement que si je raconte toutes les étapes de ce voyage, les autres me suivront jusqu'au bout, avant, peut-être, d'en tirer leur leçon.
M. B.
Peut-on ignorer qu´un membre de notre famille soit un militant djihadiste tel que l´a ignoré Mourad? Peut-on être si aveugle?
Son témoignage pourrait dissuader les jeunes de partir faire le djhad, les déradicaliser, les faire revenir dans le droit chemin religieux? Pourrait-il servir pour faire comprendre ce qu´est l´Islam? Ce repenti devrait-il être invité dans les écoles en France?
L´Islam est-il de nos jours synonyme de tuerie, de guerre de religion?
Comment Mourad a réussi à revenir de Guantanamo sans être brisé et animé par une soif de vengeance?
Ce bagne américain basé à Cuba est-il le lieu de la stigmatisation des musulmans du monde entier?
Faudrait-il retirer la nationalité française à ceux qui sont partis faire le djihad?
Pour mieux comprendre :
1981 Naissance de Mourad en France.
1993 Chellali Benchellai, père de Mourad, est arrêté en Bosnie, où il dit avoir fait trois séjours à fins humanitaires.
2001 En juin, Mourad Benchellali et Nizar Sassi partent « en vacances » en Afghanistan.
2001 Le 11 septembre : attaques d'Al-Qaïda. Mourad et d'autres sont capturés au Pakistan en décembre.
2002 Janvier : transport vers Guantánamo.
2004 En juillet, libération et remise aux autorités françaises. Incarcération à Fleury-Mérogis.
2006 En juillet, procès. Libéré en septembre, le procès étant reporté.
L'islam est une religion similaire aux autres religions monothéistes étendues sur la planète, mais dès les années 90, après l'entrée de l'URSS à l'Afghanistan et l'accès au puissance des islamistes à l'Iran se produisait une radicalisation lente du monde islamique. La majorité des pays islamiques présentent un degré de très bas développement, de systèmes politiques corrompus et/ou dictatoriaux, et les musulmans qui vivent entre nous occupent des places de travail très bas et mauvais payès.
RépondreSupprimerPaco Calles
L´Islam est devenu trop radical dans nos jours..., mais on ne peût pas croire que cette religion en elle même soit synonyme de massacre; je crois que ce phénomène du radical on est déjà vécu dans d´autres croyances comme celui du catholicisme pendant l´inquisition...; c´est à dire..., on agit d´une étape primitive ...
RépondreSupprimerAussi on ne doit pas croire que tout sentiment religieux pouvra devenir une personne radical: par exemple notre protagoniste était chaque moment de sa triste histoire plus sensible dans ce sens...
Non, je ne crois pas qu´on doit punir cet homme à lui réfuser de sa nationalité...bon soir...
Nous sommes devant un problème difficile et complexe. Il est "facile" de donner un avis depuis la distance et l'ignorance mais, d’après moi, essayer de lutter contre la radicalisation des jeunes qui partent à faire le jihad avec répression et violence, ou avec des méthodes comme la retirée de la nationalité française, engendre et renforce des sentiments de haine et de vengeance. Ainsi, des témoignages comme celui qu’on trouve dans “Voyage vers l’enfer”, qui surgit d'une expérience réelle, qu’il s’agit du témoignage de quelqu'un qu'a été radicalisé et qui a réussi sortir de ça, je dirais qu'ils peuvent être vraiment dissuasifs. Et, en fait, peut-être, le but l’histoire qui raconte Mourad Benchellali soit celui-là.
RépondreSupprimerLa cause du terrorisme dans l'Islam sont les gens qui sont radicales,je ne pense pas qu'ils sont tous, mais beaucoup.
RépondreSupprimerLe protagoniste de cette histoire est mieux chaque jour mais je pense que ce n'est pas très commun.
Dans d'autres pays, et nous avons reçu une attaque dur et je pense que nous devrions demander aux victimes ou à leurs familles ce qu'ils pensent de l'islam radical.
C´est terriblement curieux que les personnes qui disent aimer la foi, n´importe laquelle, le lond de la histoire à son avis la guerre et la destruction d´autres religions a eu son but, quand l´objetif de celles-ci est précisement tout le contraire, l´amour aux autres, la hospitalité, la générosité...
RépondreSupprimerDans l'Islam, le problème est le radicalisme, ne sont pas tous ceux qui appartiennent à cette religion, mais la plupart sont.
RépondreSupprimerC'est une grande histoire de notre héros, mais malheureusement ce n'est pas commun.
Espagne et d'autres pays ont subi un grave attentat terroriste de l'islam radical et je pense que nous devrions demander qui pense les victimes et leurs familles, ils sont les meilleurs pour discuter de cette question.
Mourad peut être considéré comme une victime du système et de lui-même. Á mon avis les religions sont la première cause de l'irrationalité et de la haine, et nous avons ici un exemple clair. L'islam est ni meilleur ni pire que les autres religions monothéistes, mais la stigmatisation qui souffrent ses pratiquants et sa prévalence dans les sociétés développées est un terrain propice pour la violence.
RépondreSupprimerLa radicalisation de nombreux jeunes musulmans est causée par la stigmatisation et des raisons économiques. Les musulmans ont moins d'opportunités dans la société d'aujourd'hui que le reste des citoyens.