La tauromachie inscrite au patrimoine immatériel français
La nouvelle est tombée à l'occasion du premier jour de la féria d'Arles, qui marque le début de la saison des corridas en France.
La tauromachie vient d'être classée au patrimoine immatériel français par le ministère de la Culture. Une première, puisque la France devient ainsi le seul pays possédant une tradition taurine à entériner ce classement. Il était demandé depuis longtemps par les défenseurs de la corrida et en particulier par l'Observatoire des cultures taurines, dont l'Arlésien André Viard, ancien torero, est le président. Ce dernier s'est d'ailleurs félicité dans une déclaration publique que les représentants du ministère de la Culture se soient prononcés sur des "arguments scientifiques irréfutables pour établir que la tauromachie fait bien partie du patrimoine national".
Le même classement a été demandé dans les autres pays organisateurs de corridas, dont évidemment l'Espagne, dans le but de tenter de faire inscrire par la suite la tauromachie au patrimoine immatériel de l'humanité de l'Unesco. L'objectif étant de pouvoir pérenniser une pratique de plus en plus contestée par une grande partie de l'opinion, en particulier en Europe. Le parlement catalan suivi par une majorité de la population provinciale, qui voit en la tauromachie un héritage du franquisme, avait ainsi décidé il y a quelques mois de supprimer les corridas dans les arènes de Barcelone, décision dont l'appel est en cours à Madrid.
2 millions de fans
La tauromachie est présente dans le grand sud de la France depuis le XVIIIe siècle, mais uniquement tolérée par dérogation dans les villes qui peuvent faire valoir une tradition taurine comme par exemple Nîmes, Arles ou Bayonne, qui organisa la première corrida en 1701. Certaines ont cependant parfois décidé d'y renoncer comme Fréjus ou Montpellier. L'année dernière, 113 corridas ont été organisées en France, soit quatre de plus qu'en 2009 et, pour la première fois de l'histoire, deux maestros français occupent le haut du classement international des toreros : le Biterrois Sébastien Castella et l'Arlésien Juan Bautista. Du côté des organisateurs de corrida, on estime que 2 millions de personnes aiment voir ces spectacles. Et que les élevages de taureaux de combat contribuent à la préservation du patrimoine naturel des marais d'Espagne ou de Camargue.
Cependant, la tenue de courses à l'espagnole avec mise à mort est de plus en plus contestée par de nombreux défenseurs des animaux. Ils demandent l'abrogation pure et simple de cette "forme de torture en public". Dans un communiqué, Claire Starozinski, de l'Alliance anti-corrida, dénonce "l'aval honteux de l'État français et de dirigeants qui n'ont que faire de l'opinion de la majorité des Français. Selon son association, 60 % des Français seraient contre la corrida. Elle a le soutien de nombreuses personnalités comme le chanteur Renaud, le philosophe Michel Onfray ou encore Nicolas Hulot.
People et politiques dans l'arène
D'autres ne cachent en revanche par leur afición (amour de la corrida) comme le couturier Christian Lacroix, l'architecte Jean Nouvel, l'ex-footballeur Éric Cantona ou les comédiens Denis Podalydès et Philippe Caubère. Pour ce dernier, le classement de la corrida est la reconnaissance qu'il s'agit d'une "forme de théâtre ancestrale et bien d'un art".
La décision du ministère de la Culture risque en tout cas de relancer les débats souvent vifs entre pro et anti, y compris au sein de la classe politique. Pas réellement amateur de taureaux, Nicolas Sarkozy s'est déjà rendu à des corridas à Séville et François Fillon est amateur, tout comme Alain Juppé, même s'il s'est fait plus discret dans les arènes du Sud-Ouest depuis sa nomination à Matignon. Mais la droite est loin d'avoir le monopole de l'amour des "toros bravos" puisqu'il n'est pas rare d'apercevoir dans les arènes Henri Emmanuelli, Jean Glavany, Manuel Valls ou Jean-Claude Gayssot.
Le Point.fr - Publié le 23/04/2011
Regardez le JT de TF1 où l´on peut constater que cette décision risque de relancer les débats souvent vifs entre pro et anti.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire